[Kara ; Klaus] Les Cauchemars Flamboyants

Le voyage s'était déroulé sans encombre. Kara et Klaus avait voyagé dans un bateau de seconde classe. Les conforts étaient simple mais efficace. Les nuits avaient été réparatrices et la nourriture combla leur estomac.

Durant le trajet, les deux Épines avaient discuté de leur dernière quête. Klaus avait rencontré pour la première fois de sa vie cette femme, cette magesse du nom de Miranda Field. Elle avait le titre de Damnée et le statut d'Immortelle. Ca faisait tout de même un gros morceau à avaler. Klaus avait tout de même pu s'habituer rapidement à l'idée : après tout, il connaissait le cannibalochronophage.

Klaus : « Oublions cette histoire de Sept Damnés. Aujourd'hui, nous rendons visite à mon maître. Je trépigne d'impatience ! »

Kara : « Ce n'est pas seulement ton maître. C'est également un ancien compagnon de la Rose Noire, l'ami. »

Le bateau avait accosté dans le petit port qui se trouve au Sud-Est de l'île. Une île pas bien grande. Elle avait toutes les caractéristiques de l'île sauvage, havre de paix pour ceux et celles qui souhaitaient se retirer des affaires du monde.

Kara : « Tu te rappelles le chemin que l'on doit prendre pour accéder à la cabane de ce bon vieux Macpyro ? »

Klaus : « Je n'en suis pas sur. Je propose qu'on remonte en ville et qu'on toque à la porte de la Guilde. Nous trouverons bien un volontaire pour nous accompagner qui nous racontera quelques anecdotes flamboyantes. »

Klaus semblait avoir rajeuni. D'une certain façon, il semblait être redevenu ce gamin qui avait un jour trouvé en la personne barbue de Macpyro un père. Insouciamment, les mains dans les poches, Klaus remonta l'avenue principale en direction de la Guilde de la Lame Unique. Poussant la porte, ils découvrirent une grande salle plutôt vide. Pourtant il faisait beau au dehors. Mettant cela sur le compte d'une sieste, Klaus arriva au comptoir où il demanda si quelqu'un pouvait les accompagner jusqu'à la cabane de Macpyro. C'est à ce moment que les deux Epines comprirent que quelque chose allait mal. La personne derrière le comptoir disparu en courant.

Klaus : « Qu'est-ce qui se passe ici ? Je suis encore sous ma forme de Démon ? »

Kara : « Non. Attendons un peu. Sinon, nous irons enquêter. »

Klaus : « Je commence à croire qu'on amène les problèmes dans chaque île où nous nous arrêtons. »

Kara : « J'espère pas. Peut-être que quelqu'un maîtrise une magie de malédiction ? Ah ah ! »

Le Belluaire tenta de détendre la tension qui régnait dans la Guilde de la Lame Unique. Mais il se rendit vite compte que ce n'était pas approprié. Moins d'une minute après la disparation de la personne derrière le comptoir, cette dernière revint accompagnée d'une femme. D'une haute femme qui dépassait d'au moins une demie tête les deux Épines.

Kara : « Qui êtes-vous ? »

Klaus : « Et qu'est-ce qui se passe ? Est-ce que Macpyro va bien ? »

Béatrice : « Je me nomme Béatrice. Je suis une magesse de la guilde. Et pour répondre à ta question : non, Macpyro ne va pas bien. Il est la victime d'attaques étranges. »

Klaus : « NON ! »

Kara : « Calme-toi, Klaus. Respire. Ne laisse pas le Démon prendre le contrôle. »

Béatrice : « Klaus ? Tu es le Klaus, l'ancien élève de Macpyro ? Celui que l'on surnomme le Démon ? »

Klaus : « C'est exact. Mais comment ça l'ancien élève ? Il y en a un nouveau ? »

Kara : « Sans déconner, Klaus. Tu t'inquiètes du fait que tu n'es plus l'élu de Macpyro alors que celui-ci est peut-être mourant ? »

Klaus : « Désolé. Alors, Béatrice, est-ce que l'on peut faire quelque chose ? »

La magesse hésita. Durant ce temps, Kara découvrit le sac en bandoulière rempli de potions. Tandis que Klaus observa en fronçant les sourcils, l'étrange insecte sur l'épaule de Béatrice. Finalement, cette dernière prit une décision. Elle leur demanda s'ils voulaient bien l'accompagner. Il leur faudrait se dépêcher. Hochant de la tête, le petite groupe prit alors la direction de la plage.

La plage était le chemin le plus court pour atteindre le village où vivait désormais le vieux Macpyro. Durant le temps du trajet, Béatrice leur expliqua beaucoup de choses. Notamment le fait que Macpyro était la cible d'un ou d'une magesse qui l'affaiblissait et qui usait de ses forces volées pour créer un bestiaire effrayant.

Béatrice : « On les appelle les Cauchemars Flamboyants. »

Klaus : Les Cauchemars Flamboyants ?! Mais je croyais que cette île était une sorte de havre de paix.

Béatrice : En temps normal, oui. Nous avons bien une chèvre au regard étrange.

Kara : Étrange ?

Béatrice : Oui. Elle a un œil blanc, que l'on suppose aveugle. Et un autre rouge. Ce qui lui donne un regard angoissant, voire démoniaque si on la fixe trop longuement. Mais à part ça, c'est une créature innoffensive.

Le petit groupe avançait d'un pas soutenu. Les pieds s'enfonçaient dans le sable tandis que le soleil brillait, éclairant les contours de l'île d'une chaude lumière. Difficile de penser qu'englobé dans cette bulle estivale, le vieux Macpyro subissait quelque forme de torture que ce soit.

Klaus : Personne n'a trouvé qui attaquait Macpyro ?!

Béatrice : Pas encore. Il faut dire que nous nous relayons constamment. Nous nous battons, nous tenons le siège et, quand nous quittons la cabane de Macpyro, c'est soit pour aller dormir, soit pour récupérer des potions pour tenir sur la durée.

Kara : Donc personne ne pourrait dire si un ou une étrangère serait arrivé sur l'île ? Une arrivée qui coïnciderait étrangement avec le début de vos problèmes ?

Béatrice : Peut-être. Il y aurait bien Boris, mais comme je l'ai déjà dit, nous n'avons pas pu mener d'enquête.

Kara : Boris ? Qui est-ce ?

Béatrice : C'est un homme de la génération de Macpyro. Il arpente les quais et observe les allers-retours des bateaux. Certains visiteurs se plaignent, se sentant espionnés par Boris. Mais il n'est pas méchant. Il a bien un regard insistant, qui ne cille pas quand il vous fixe. Mais il n'est pas méchant.

Klaus : En fait, c'est un peu comme un chien de garde ? Sauf que c'est un vieil homme. Et que, probablement dans la logique des choses, qu'il n'a plus de dents mais un dentier.

Sortant d'on ne sait où, ce commentaire amusant permit de détendre la situation en ces temps troublés. Pendant un court moment, les deux Epines et la magesse de la Lame Unique purent parler de tout et de rien. Ils ralentirent même la marche, se sentant un peu moins esclave du temps qui tique-taquait sans jamais pouvoir s'arrêter.

Enfin ils sortirent de la forêt dans laquelle ils s'étaient finalement aventurés après avoir quitté la plage. Kara et Klaus découvrirent alors une plaine avec un village en arrière-fond. La cabane de Macpyro se situait tout au bout, là où il y avait le moins de voisins. Les regards des deux Épines glissèrent sur les herbes couchées, sur les mottes de terre retournés ou encore sur les autres signes évidents de bataille. Dans une seconde observation, Kara découvrit que tous les volets du village étaient fermés. Barricadés étant un meilleur terme.

Lucas : Béatrice, enfin te voilà !

Un chevalier rejoignait d'un pas hâté Kara et Klaus. Les présentations furent faites rapidement. Si Béatrice avait confiance dans les deux mages, alors Lucas Balbazor leur faisait confiance également. Le chevalier fit alors un rapide résumé depuis le départ de Béatrice.

Lucas : Je m'en veux, j'ai fait une erreur de débutant. J'ai perdu un de mes sabres. Un Kleptozenof l'a donc avalé et l'a retourné contre moi.

Le chevalier montra une profonde estafilade dans l'acier de son armure. A travers, on pouvait voir le tissu qui avait été également tailladé. Du sang avait tâché le textile mais le chevalier leur assura que l'armure avait encaissé toute l'attaque.

Kara et Klaus entendirent donc la description de ce Kleptozenof. Une espèce de grand ver aveugle. Sans yeux mais pourvu d'une bouche à chacune de ses extrémités. Garnie de crocs et prêt à avaler toute arme d'acier pour la transformer en arme maléfique. Soit que l'épée avalée traversait son corps comme un étrange piercing et un moyen de défense. Soit que l'épée était maintenue dans les airs par une espèce de bras de flamme.

Klaus : Comment va, Macpyro ?!

Lucas : Pas pire qu'hier. Pas mieux, non plus. Macpyro est un guerrier résistant. Il résiste. Avec le temps, je suis certain qu'il parviendra à vaincre le mal qui l'assaille.

Ne souhaitant plus parler, Klaus courut en direction de la cabane de son vieux maître. Plus il se rapprochait et plus il redoutait la rencontre. Saurait-il garder son sang-froid ou fondrait-il comme une madeleine, comme l'ancien petit garçon qu'il était quand Macpyro décida de devenir son maître.

??? : Qui es-tu, toi ?...

Trois monstres sortirent de la forêt. Des créatures mesurant environ deux mètres de hauteur. Ça ressemblait à des chèvres humanoïdes gonflés aux stéroïdes, rendus fou par des manoirs de la peur et équipés comme des guerriers de landes noires.

Kara : Qu'est-ce que c'est ?

Lucas : Des Yeux de Kyton. Des saletés qui nous assiègent trop régulièrement.

Béatrice : Ce sont des Cauchemars Flamboyants. C'est une espèce parmi quatre autres.

Lucas : Préparez-vous au combat !

Les trois Œil de Kyton se rapprochent. Un œil est aussi blanc qu'aveugle tandis que le deuxième, rouge, brille d'une lueur de rage. Leur gueule est muselé par des morceaux de ferraille, ce qui les empêche de crier... bien qu'ils essaient, tirant sur leur peau.

Béatrice : Pas le temps d'aller chercher ton ami, mais écoute bien. Les Yeux de Kyton, selon une probabilité que j'ai calculé d'expérience, attaqueront cinq fois sur six au corps à corps.

Lucas : Pour certains, leurs bras sont des sortes d'énormes pinces qui tenteront de nous sabrer un bras ou une jambe. Pour d'autres, leurs bras sont d'énormes sabres qui semblent palpiter d'une vie propre.

Kara : Je ne comprends pas. Qu'est-ce que ça veut dire ?

Béatrice : Ça veut dire que des sortes de petites tentacules effilées bougent. Ça agit comme des bêtes curieuses mais qui fuient dès qu'on se rapproche d'elle.

Kara : Ok. Donc rien à craindre sauf si elles mutent davantage. Bien. Et quel est leur attaque spéciale ? Celle qui arrive une fois sur six ?

Lucas : Une saloperie. La ferraille dans leur gueule fond et éclate. Un double d'un Œil de Kyton sort de la gueule. Un double fait que de feu. On a appelé ça un Kérosène Éphémère parce que, si tu l'attaques au corps à corps, on se prend un retour de flamme.

Kara : Compris !

Les trois créatures sortant des bois sont à peine à quelques mètres des trois mages. Si elles trottinaient pendant que tous parlaient, les voilà qui chargent ! Kara, Béatrice et Lucas doivent vite se dépêcher de se débarrasser des trois Yeux de Kyton. Pourquoi ? Parce que dans très peu de temps, une seconde vague va survenir ! Pareil, trois autres Yeux de Kyton.

Pour ce combat, il ne faut pas compter sur l'aide de Klaus qui a affaire avec un inconnu gardant férocement la cabane de Macpyro...