[Jaffar ; Enko] SteamDragon

Jaffar et Enko étaient arrivés en fin de soirée sur cette nouvelle île. Au vu de l'heure avancée de la soirée, il n'était pas permis de commencer cette nouvelle quête que leur avait confié Céleste. Ils se rendirent donc dans la taverne de la ville.

« Ah ! Vous êtes les mages de la Rose Noire, c'est ça ? Parfait, parfait. J'ai deux chambres déjà réservées pour vous. J'ai cru qu'elles ne sauraient jamais occupées. Mais voilà que je m'emporte, je parle et je parle. Tenez, allez vous asseoir à cette table là-bas. »

Le tavernier faisait référence à une table où était déjà assis deux hommes habillés en vert tous les deux. Les mages de la Rose Noire cherchèrent rapidement une table libre. Mais la salle était pleine et leurs estomacs criaient famine. Ils n'avaient pas pu manger durant la traversée.

« Voici Rory et Abadou. Ce sont deux hommes venus d'une autre île. Ils sont là depuis quelques semaines déjà. Parfois, un s'en va pour laisser la place à leur troisième collègue. Mais voilà que je recommence à parler alors que le travail ne fait que s'empiler. Je vous laisse faire connaissance. »

Le tavernier prit note de ce que voulaient boire Jaffar et Enko puis il repartit. Les quatre hommes s'observèrent. Le malaise des nouvelles rencontres. Durant ce temps de silence, les mages de la Rose Noire détaillèrent leurs compagnons de tablée.

Spoiler:

Rory était celui avec la peau blanche. Il avait les cheveux courts et orange, mis en valeur par un bandana rouge ceignant son front.

Abadou, quant à lui, avait la peau noire. Des cheveux jaune électrique qui reposaient finalement sur sa poitrine par deux tresses.

Les boissons arrivèrent. Ce fut une tournée offerte par le tavernier pour s'excuser d'obliger tout le monde à cohabiter ce soir. Puis les étrangers prirent la parole, posèrent les premières questions banales. L'ambiance chaleureuse, les bons repas associés au fait qu'Enko et Jaffar étaient pleinement satisfait de leur dernier « entraînement » : bref, les langues se délièrent, une complicité naquit lentement, tout cela aidé par l'alcool.

Spoiler:

Jaffar : « Qu'est-ce que vous faites sur cette île, les gars ? »

Rory : « On étudie les végétaux. On expérimente. Des choses dans ce genre-là. »

Abadou : « Et vous deux, pourquoi vous êtes-là ? »

Jaffar : « On est sur une nouvelle quête. Faut qu'on récupère quelque chose quelque part. J'en sais trop rien pour l'instant en fait. »

Le mage de feu avala une nouvelle gorgée de sa pinte, ne remarquant pas le regard entre les deux hommes habillés en vert, appuyé par un froncement de sourcils.

Enko n'écoutait pas la conversation entre Jaffar et les deux acolytes. Il était comme préoccupé part autre chose mais n'aurait su dire part quoi.

Il regarda autour de lui. La taverne était bondée, seule les guinguettes avaient de la place sur l'estrade pour animer la soirée. Il aperçu du coin de l’œil divers jeux de dés et de carte, mais rien ne retenu son attention.

Il se retourna alors vers la table. Il n'avait même pas remarqué que la deuxième tournée était arrivé.
La chaleur était tel que Enko du refroidir sa chope, en la maintenant entre ces mains. Histoire de na pas montrer son pouvoir inutilement.

« Vous venez de quelle île ? »

Il but une gorgée bien fraîche.

« Vous faites partie d'une guilde ? »

Enko : « Vous venez de quelle île ? »

Rory : « On vient d'Isildur. Pas une grosse île, mais riche en dense végétation et créatures des forêts. »

Entre deux gorgées alcoolisées.

Enko : « Vous faites partie d'une guilde ? »

Abadou : « Non, non. On est pas des mages. On serait plutôt des herboristes. Peut-être des alchimistes. Mais définitivement pas de magie. »

La soirée s'était étirée. Les pintes s'étaient succédées. Puis tout le monde avait regagné sa chambre.

-

Espérance Noire avait dormi toute la matinée et s'était levé au moment où le soleil était au plus haut : à midi. La salle commune de la taverne était à moitié rempli. Jaffar et Enko s'assirent à une table. Les paupières étaient encore lourdes tandis que les corps subissaient toujours les conséquences de ce qu'ils avaient bu.

« Bonjour messieurs. Vous vous rappelez de moi, je suis le tavernier qui vous a accueilli hier soir. Je demande parce que vous avez sacrément consommé hier, ah ah ! C'est bon pour mes affaires, mais cela n'aide pas les autres. Vous allez commencer par me boire ça : une sorte de potion miracle de mon invention contre les gueules de bois. »

Deux verres longilignes étaient remplis d'une substance épaisse et verdâtre. L'odeur qui s'en dégageait rappelait les marécages où y pourrissaient des trucs. Espérance Noire se regarda, jugeant dans le regard de l'autre ce qu'il convenait de faire. Fallait-il y voir un premier obstacle : une tentative d'empoisonnement ? Non, impossible. Une vile personne usant de poisons n'aurait pas osé plonger son venin dans une mixture aussi laide.

Ils burent donc cul-sec. C'était mieux que de devoir prolonger la torture en petites gorgées.

« Bien, bien, bien. Maintenant que vous commencez à aller mieux, laissez-moi vous expliquer ce que vous faites sur notre île. D'ailleurs, en connaissez-vous seulement le nom ? Non. Bien, commençons donc par le commencement. Vous vous trouvez sur l'île de Biniou dont ses deux particularités sont l'artiste de statues flottantes et sa randonnée traversant notre modeste île. »

Le tavernier était un homme difficile à écouter. Il parlait trop. Plus que ça, il avait dans les traits de son visage ce que l'on appelait « une tête à claque ». Pas un mauvais bougre en somme, juste quelqu'un d'énervant. Un trop bon vivant ?

« Stop ! Bordel, viens-en à l'essentiel. » maugréa Jaffar.

« Ok, ok. Donc voilà : il y a quelqu'un, ou un groupe sur cette île qui vole les créations de notre célébrité excentrique locale. De belles œuvres d'art qui représentent des harpies, des chimères et autres créatures fantastiques. Mais ceux qui valent le détour sont sa série de dragons. Ces derniers flottent littéralement au-dessus de leur socle. Et vous verriez la vie qui se reflète dans ses yeux noirs. Ma-gni-fique ! »

Le poing de Jaffar frappa la table. Une veine pulsait sur son front. La boisson dégueulasse ne devait pas faire effet car il sentait un mal de tête l'envahir... A moins que cela ne soit la voix du tavernier ? Probablement.

« Ok, ok. Des statues sont volées. Enfin, les statues des dragons sont volées. Ceux qui lévitent. Actuellement, sur le chemin de randonnée où sont habituellement exposés les œuvres ne se trouvent que les créatures dépourvues d'effet de lévitation. Mais l'artiste a annoncé qu'il exposerait bientôt sa toute dernière création. »

-

Espérance Noire se trouve au-dehors de la taverne, loin du babillage du tavernier. Là, ils peuvent penser clairement et décider de leur plan d'action.

Vont-ils aller au port où ils pourraient découvrir par quel moyen les voleurs s'enfuient ?

Peut-être qu'errer dans les rues de la ville permettraient de tomber sur la bonne personne miracle ou le bon lieu qui mettrait un terme à cette quête ?

Il y a aussi la possibilité de s'engager dans ce long chemin de randonnée, peut-être dans le but de s'approprier le terrain ?

Ou alors se rendre chez l'artiste, apprendre à le connaître, lui et ses créations volantes ?

La gueule de bois s'estompait aux fils du temps, bien qu'un léger mal de crâne subsistait en arrière plan.

Les deux mages de la Rose Noire avaient marché un peu, jusqu'à rapidement se retrouver au début d'un sentier du quel commençait le parcours de découverte des statues.

« Elle est quand même pas bien grande cette île. Il y a forcement quelqu'un qui à vu ou entendu quelques choses ou alors … non j'en sais rien. »

*Ce mal de crâne me fou tellement sur les nerfs, que je pourrais déboîter le premier couillon que je sentirais me mentir à coups de griffe du Sabre*

« Je pensais aller voir si l'artiste est chez lui, pour récolter des infos. Tu viens avec moi ou tu parts explorer une autre piste ? »

Décidément le mage de glace n'avait pas la tête à supporter les emmerdes aujourd'hui. Il fit s'élever un bloc de glace entre lui et l'excentrique sœur Palkos.

Enko l'avait pourtant tailladé en pièce lors du tournoi des Moissons de l'année passée. Mais à entendre le timbre plein d’entrain de sa voix, le message n'était clairement pas passé.

Il salua tout de même les deux autres d'un rapide signe de tête avant de se tirer.

« Putain de destin … je me casse voir l'artiste, on se retrouve à la taverne ce soir. »

Enko trouva l'artiste de l'île de Biniou en pleine réflexion devant un caillou. D'un bon mètre cinquante de hauteur, le-dit caillou avait déjà reçu quelques coups dans la gueule pour devenir quelque chose d'autre. Mais visiblement, aucune créature ni aucun dragon ne semblait vouloir en sortir. Preuve en était de l'intense réflexion, de l'immobilité complète et probablement d'un regard qui devait être vide derrière ces petites lunettes circulaires.

IMAGE:

« Ah ! Un peu de diversion, parfait ! J'espère que ce sera également divertissant. Alors, qui êtes-vous ? »

Les présentations passées, Edouard Bashaie commença à tourner en rond autour de sa future sculpture. Il avait les mains croisés dans le dos et son ventre rond présenté en avant. Sa grande natte blonde rebondissait contre son dos. Un témoin de colère qui ne passait pas vraiment, à cause de ce petit nœud papillon (efféminé) qui tenait en place chaque partie de sa tresse.

« Je n'en peux plus. Depuis que mes sculptures sont volées, j'arrive de moins en moins à créer. Ces vols à répétition me sapent mon moral et mon imagination. Mais vous, vous ne pouvez pas comprendre ce dont je parle. Vous êtes un mage. Quoique, je pense que ce serait, pour vous, comme affronter une créature gigantesque. Vous auriez beau continuer à vous battre, revenir après chaque défaite avec une technique plus puissante, pour qu'au final, cette immense créature vous batte à chaque fois. »

Il s'arrêta. Puis baissa la tête vers le sol.

« Affligeant... »

Une goutte tomba probablement dans ses lunettes car il montra son dos à Enko le temps qu'il nettoie ses lunettes. Il se retourna finalement et s'approcha du mage de glace.

« Enfin, c'est la vie, n'est-ce pas ? Est-ce que je peux faire quelque chose pour vous aider ? Peut-être avez-vous des questions dont j'aurais la réponse ? »

Fini la gueule de bois. Le chemin n'avait pourtant pas été long, mais l'air frais de cette petite île l'avait revigoré.

Enko n'eut aucun mal à percevoir le malaise dont souffrait l'artiste. Sa façon de gesticuler pour meubler des propos aussi vide que son don était une évidence des plus flagrante.

« Je ne sais pas vraiment part où commencer à vrai dire »

Édouard regarda à nouveau son morceau de pierre.

« Comme nous tous … »

Enko regarda autour de lui, mais ne vit rien que des statues sans « plus ». Il se doutait bien que pour faire voler ces statues l'artiste devait avoir un secret. Mais comme tout artiste, il ne le dévoilerait jamais.

« Dites moi, est ce que avant que ne commence les vols de vos statues, quelqu'un serait venu vous demander plus ample information ? »

« Tous les touristes me posent des questions sur mes chef-d’œuvres. »

Enko haussa un sourcil.

« Je me doute bien, mais est ce que quelqu'un en particulier aurait essayé de faire pression sur vous ? Ou vous aurez posé des questions sur une possible nature magique de ces statues ? »

« Captivant ! »

Édouard Bashaie afficha un grand sourire de satisfaction tandis qu'il ouvrait grand les bras.

« Monsieur Baelynar, laissez-moi vous raconter deux trois choses sur moi, ma vie et mes œuvres. »

Il quitta le grosse pierre à peine sculptée pour se rapprocher d'autres qui ressemblaient à des créatures reconnaissables mais encore ébauchées. Car, bien entendu, l'artiste n'allait pas laisser ses chefs d’œuvres à la vue de tous. Surtout par une période si sombre où il se faisait voler à répétition.

« Vous savez, monsieur Baelynar, moi et mon activité représentons une belle part du tourisme de cette île. Je ne suis pas en train de vous dire que sans moi, cette île sombrerait dans l'anonymat. (bien que cela flatte mon ego). Je suis seulement en train d'essayer de vous expliquer que je travaille énormément et que, lorsque je réponds à quelques questions, je ne perds pas de temps à la conversation. Je fais les deux choses à la fois. »

Édouard emmena Enko près d'une statue qui avait belle allure. C'était encore loin d'être terminé, mais « le petit quelque chose en plus » était présent. Cette sculpture de pierre ne s'envolerait jamais comme un de ses dragons qui avaient été volé. Car c'était une espèce de cerf aux belles cornes qui y étaient représentée.

Visiblement joyeux d'avoir un auditoire pour tromper son syndrome « de la page blanche ». Édouard montra plusieurs sculptures à Enko avant de revenir à l'essentiel.

« Tout cela pour vous dire que oui, il y a bien eu quelques personnes suspectes qui sont venus me voir. Deux groupes pour être précis, en fait. »

Les deux hommes se rapprochèrent de la maison/atelier de l'artiste. Ils ne rentrèrent pas tout de suite dedans et continuèrent à discuter devant la porte de bois. Tout autour d'elle se trouvait un contour de créatures qui zigzaguaient, mordant la queue de la créature suivante, formant ainsi une frise qui aurait pu se retrouver sur une église.

Un bras replié dans le dos, Édouard leva un premier doigt pour commencer sa réponse.

« Dernièrement, il y a un groupe de trois personnes qui sont venus me voir. Il y avait un homme corpulent, une femme à moitié dénudée aux cheveux arc-en-ciel. Et, en retrait, un autre homme portant dans son dos un cercueil. Des individus très étranges d'aspect mais qui ne semblaient pas du tout intéressé par mon travail. En fait, il semblait étudier les lieux. Comme s'ils étaient à la recherche d'une créature ou d'une plante particulière. »

Il leva ensuite un deuxième doigt, signe physique qu'il allait parler de ce deuxième groupe mystérieux.

« En remontant plus loin dans le temps, je me souviens de deux hommes habillés en vert. Ils disaient travailler pour une île voisine. Ils étaient intéressés par mes statues en lévitation. Le concept les intéressaient grandement pour y faire naître le tourisme. En fait, il cherchait surtout à savoir où est-ce que je me procurais mes pierres de lévitation. »

Sa main appuya sur la poignée de la porte tandis que l'autre faisait signe à Enko de le suivre à l'intérieur de sa maison/atelier. Édouard Bashaie l'emmena au fond. Enko s'arrêta au côté de l'homme, devant une réalisation qui devait mesurer entre deux et trois mètres de hauteur. Elle était recouverte d'un grand drap de couleur glaise.

« Ces deux hommes sont revenus plusieurs fois. Ils me posaient toujours les mêmes questions. En fait, ils essayaient d'extraire mon savoir-faire pour leur propres intérêts. Au début, j'étais flatté de tant d'attentions. Mais très vite, tout cela m'énerva et je ne voulus plus leur parler. »

Son visage exprimait de la colère. Mais aussi quelque chose qui avait à voir avec de la déception. Ses bras croisés, il parla de ces individus encore un peu.

« J'ai entendu dire qu'ils se trouvaient toujours sur l'île. Ils auraient une chambre à la taverne de la ville. J'ai même entendu dire qu'ils étaient parfois trois. Apparemment, ils font et refont la Grande Randonnée de l'île. Comme s'ils étaient à la recherche de quelque chose de particulier. Peut-être un gisement de pierre de lévitation : ah ah ! Mais ils ne la trouveront jamais. Ah, une dernière chose, ces hommes habillés en vert, ces prétendus paysagistes prospecteurs, seraient assez souvent vus sur les quais. Toujours le même bateau. Comment s'appelle-t-il déjà ?... »

Mais le nom ne lui revint pas. Son expression changea. Il recentra la conversation sur lui et ses œuvres. Posant son index sur ses lèvres, il dit :

« Chut. Écoutez. »

Lorsque le silence s'installa dans la petite pièce aux poutres de bois apparentes, Enko décela un bruit en continue. Une espèce de chant au spectre sonore faible. Avant qu'il ne puisse poser une question sur sa provenance, Édouard lui sourit puis s'avança vers le drap.

Ce dernier s'écroula par terre, exhibant alors une statue qui n'avait rien à voir avec les ébauches se trouvant au-dehors.

IMAGE:

Devant la taverne, Jaffar attendait le retour d'Enko. Les deux mages s'étaient quittés suite à la rencontre avec la famille Palkos. Ces derniers avaient quitté Jaffar, s'excusant qu'ils avaient une quête importante à terminer. Soudain seul, Jaffar s'était demandé quoi faire. Aller à la rencontre de l'artiste avec Enko ? Peuh ! Il n'y avait rien de plus barbant.

*Putain ! Je vais quand même pas rester debout en plein milieu de la rue toute la journée ?! *

Il avait donc décidé de revenir à la taverne. Vu que de toute façon, c'était le point de rendez-vous le soir-même. A l'intérieur, il s'assit à une table, hésitant à commander une pinte en plein après-midi... C'était vraiment pas un choix terrible. Et puis il était seul.

*Les deux gars de l'autre soir ! *

Jaffar ne se souvenait pas vraiment d'eux. Il avait seulement ces flashs embrouillés par l'alcool et cette camaraderie chaleureuse. Probablement elle aussi causée par les pintes de bière. Mais n'ayant pas d'autres choix, Jaffar se décida à aller voir les deux gusses. Peut-être qu'ils accepteraient de boire un coup ensemble ? Ou bien, professionnellement parlant, peut-être que les deux espèces de « jardiniers » auraient des informations concernant les vols ?

L'information de leur chambre obtenu auprès du responsable, il toqua à leur porte en bois.

« Hey ! C'est Jaffar, le mage de feu d'hier soir. Y'a quelqu'un ? »

(pas de réponse.)

Il toqua à nouveau.

« Excusez-moi, monsieur. »

Jaffar découvrit la femme de ménage qui cherchait à entrer dans la chambre de Rory et Abadou.

« Il n'y a personne dans cette chambre. En fait, il n'y a jamais personne à cette heure de la journée. J'en profite toujours pour aérer, changer les draps et passer un coup de balai. Donc, si vous pouviez me laisser passer. J'ai d'autres chambres après celle-là. Merci. »

La femme de ménage n'avait pas refermé la porte. Jaffar découvrit donc une chambre sans rien de choquant. Les deux hommes avaient beau être installés depuis plusieurs semaines : ils ne l'avaient pas redécoré.

De nouveau seul, Jaffar décida de prendre le chemin d'une table. Il allait finalement se la servir cette pinte. Après tout, il s'emmerdait. Pas de monstres à combattre. Pas de géants à provoquer. S'il devait finir sur le plancher avant que la nuit tombe : que cela soit !

(froncement de sourcils)

Il s'immobilisa et tendit l'oreille. De nouveau le plancher produisit ce même son. Quelques pas en arrière et il se retrouva devant la chambre de Rory et Abadou. La femme de ménage était toujours à l'intérieur. Et peu lui importait. Il entra dedans.

« Eh ! Mais qu'est-ce que vous faites ? Je ne suis pas sur que vous ayez le droit d'être là. »

Mais Jaffar ne l'écoutait pas. Ce bruit, c'était le même que celui de sa chambre sur l'île de Netozya. Ça lui rappelait sa cachette où il amassait les richesses pour le jour où il irait chercher cette Pierre de Pouvoir défendu par l'armée de Fils des Flammes.

-

C'est ainsi qu'il se retrouva au-dehors de la taverne, les bras croisés sur sa poitrine, à attendre l'arrivée d'Enko. Quand ce dernier se montra, Jaffar décolla du mur et balança un petit livre vers son partenaire.

« J'ai trouvé ça dans la chambre des deux gars d'hier soir. Y'a des dessins de statues et tout le reste est codé. »

Enko réceptionna le petit livre et se mit à le feuilleter rapidement.

« Les deux gars d'hier soir ? Les ''herboristes'' ? »

Jaffar acquiesça.

« Sa tombe bien, il fallait que j'aille les voir. »

Enko renvoya le carnet dans les mains du mage de feu.

« L'artiste m'a dit que deux groupes sont venu le voir récemment. Les Palkos et nos amis en vert, sauf que ces derniers se sont montrés plutôt insistant sur la façon dont l'évite ces statues. »

Il continua de faire son rapport à Jaffar tout en prenant le chemin de la taverne.

« Puis sa m'arrange, j'ai pas envie d'aller questionner l'autre folle ce soir. »

-

La route ne fut pas bien longue pour arriver à la taverne, le village n'était pas bien grand. Mais pourtant la taverne était encore bien remplie, des commerçants, marins, explorateurs et des mercenaires en tout genre qui sillonnaient les îles à la recherche de gloire.

Un rapide coups d’œil et Jaffar aperçu les deux hommes à la même table que la veille. D'un signe de tête il les montra à Enko, qui s'engagea alors entre les tables imbibé pour la plus part d'alcool.

Les deux hommes semblaient tenir une discussion importante au vu des sourcils froncés. Pour Enko il n'y avait donc pas meilleur moment pour semer le trouble.

Le mage de glace prit place à la table, tendit que Jaffar s'autorisait enfin à commander les bières ?

Enko n'avait pas été comme à son habitude très causant envers de nouvelles têtes. Et donc pour remédier à son insociabilité de la veille, il essaya le ton sarcastique afin de faire mouche.

Il leur lança un signe de tête en guise de salut, et regarda les quatre pintes vide sur la table.

« Pas trop dur votre journée de cueillette à ce que je vois » dit-il en s’esclaffant

« Vous m'excuserez, mais je crois que j'ai un peu trop forcé hier soir .. Ha ha ah .. vous êtes venu faire quoi déjà sur cette île ? »

Abadou et Rory stoppèrent leur conversation, donnant cet effet d'interrompre quelque chose de très important. Sans compter que leur visage était grave malgré le fait qu'ils se trouvaient dans une taverne animée, avec chacun deux cadavres à leur actif.

« Je vais faire comme si je n'avais rien entendu. Mieux, je vais tourner la tête et quand je regarderais à nouveau dans cette direction

(celle d'Enko)

, tu n'y seras plus et personne ne se froterra la joue. »

Une grande claque ébranla la provocation de Rory, l'homme blanc au bandana rouge. C'était Jaffar qui revenait avec deux pintes dans une seule main.

« J'espère de tout mon cœur qu'il ne va pas bouger. Je m'ennuie à crever et un peu d'action me ferait le plus grand bien : ah ah ah ! »

La main de Rory frappa la table tandis qu'il s'apprêtait à se relever en trombe pour affronter le mage de feu dans un duel de regard à dix centimètres de son visage. Mais la main de son ami, Abadou, le fit se rasseoir. L'homme noir était visiblement sur les nerfs lui aussi, mais il avait assez de sang-froid pour ne pas tomber dans la provocation du bourrin enflammé.

« Je comprends que l'alcool ait un effet sur la mémoire. C'est pourquoi je vais prendre le temps de te répondre, mage de glace. Nous sommes venus sur cette île pour plusieurs raisons. D'une : nous avons des connaissances spécifiques pour nous occuper de certains espèces végétales de cette île. De deux : nous espérons sceller un accord avec l'artiste de cette île. S'il acceptait de nous livrer le secret de ses sculptures flottantes, notre île gagnerait en visibilité et prospérerait. »

Jaffar vida la moitié de sa pinte et la laissa retomber sur la table. Ensuite, il se fit une place entre les deux « cueilleurs ». Un bras sur l'épaule de Rory, il s'adressa à Abadou :

« Mec, tu n'es pas marrant. Il y allait avoir une bataille dans une taverne et toi, tu réponds avec le plus de sérieux possible au monde. »

Son bras libre saisit la chope à demi-vide. Un mouvement d'aller-retour et Jaffar laissait traîner son premier cadavre. Son attention revint sur Rory qui arrivait difficilement à se calmer.

« Est-ce que ce mec joue le rôle de ta maman ? Parce que, si tu as besoin que je cogne malencontreusement ta gueule sur la table, pour te donner une raison de m'en coller une et de déclencher cette bagarre que j'attends : je peux le faire ! »

(grand sourire!)

Une table vint brusquement se coller à celle où se trouvait les mages de la Rose Noire.

« Je t'avouerais Jaffar que sa me tenterais bien aussi une petite baston, histoire de reprendre ma revanche sur vous deux. »

Trois chaises vinrent racler le sol avant d'atterrirent de chaque côté de la nouvelle table.

« Mais on a besoin de ces deux gugusses en vie si on veut notre or. »

Tandis que Jaffar buvait ce doux rêve de baston, Enko semblait plus intriqué part leur venu.

« Et on peut savoir pourquoi vous avez besoin de ces deux là en particulier ? »

« On a recueillit assez d'informations et de preuves pour les vols des statues, donc à nous le pactole ! »

Jaffar n'en pouvait plus, son sourire s'agrandissait à vu d’œil.

« A un détail prés, on a mit la main sur eux avant vous »  

Le tavernier s'approcha avec de nouvelles pintes de bières pour tout le monde.

« On vient de vous offrir une bière, donc vous pourriez nous les laisser. »

Enko repoussa sa pinte vers le milieu de la table, ce qui vexa un peu Avada.

« On va pas tomber dans le panneau comme ces deux gugusses qui commence à somnoler. Elles empestent  les phéromones. »

Le troisième homme pris pour la première fois la parole.

« Nous sommes dans une impasse alors. »

Enko regarda Jaffar et fit craqueler ces doigts.

« J'ai envie de dire que pour une fois, réglons sa par un combat. Si vous gagnez on vous laisse partir  avec eux, si on gagne vous nous donnez tout ce que vous avez pour valider le contrat, Alors deal ? »

Munwen s'apprêter à donner sa réponse.

« Et une dernière chose, pour que sa soit plus équilibré vous aurez qu'à combattre tout les trois en même temps, sa évitera que l'on s'ennuie comme au dernier tournois des moissons. »

Le défis était lancé.

La tension montait autour des deux tables réunies. Il y avait l'excitation du combat qui suait de Jaffar. Il y avait la colère glaciale d'Enko qui tentait de refroidir les ardeurs d'Avada. En vain... Munwen paraissait être celui qui avait le plus de sang-froid bien qu'il était évident qu'une revanche lui ferait plaisir.

« Putain ! Vous avez vraiment empoisonné nos bières ?! »

Jaffar renifla la pinte et observa les deux gugusses qui somnolaient.

« Impardonnable ! »

Il jeta le verre qui alla exploser en plusieurs morceaux. Des réactions se firent sans tarder. D'abord, le tavernier ramena ses fesses en quatrième vitesse. Il gueula sur tout le monde. Parce qu'ils faisaient trop de bruit et qu'ils cassaient sa vaisselle. Parce qu'ils dérangeaient les autres clients et que s'ils voulaient se battre, ils n'avaient qu'à le faire ailleurs. Parce qu'ils fallaient payer.

« Hey ? Oh ! Ta gueule ! On a compris, on sort ! Putain ! »

Jaffar fit craquer ses poings. Ses yeux ne quittaient pas ceux du mage tordant les lois naturelles du magnétisme.

Avada faisait les beaux yeux à Enko. Elle passa sa main dans sa crête étrange et inquiétante. Des sortes de mèches grasses aux couleurs de l'arc-en-ciel. Et qu'est-ce que c'était cette façon de s'habiller avec des filets noirs qui laissaient voir quasiment toute sa peau ? Elle pensait vraiment que c'était sexy ?

/!\

(TOUT DEVIENT NOIR!)

/!\

« Ca suffit... »

Jaffar et Enko redécouvrent le monde extérieur à la taverne. Que s'est-il passé ? Une eclipse solaire éphémère ? Pourtant, les deux mages auraient pariés entendre un rire mais également un cri. En fait, ça ressemblait plutôt à quelque chose de malfaisant gardant un prisonnier effrayé.

Très vite, tous les regards convergent vers le petit frère des Palkos. Même Avada et Munwen semblent avoir expérimentés sa terrifiante magie aveugle.

« Putain ! C'était quoi ça ?! »

« Désolé, Jaffar. Mais je crois que le match revanche sera pour une autre fois. »

Jaffar passa des excuses de Munwen au visage sans émotion du petit frère. Il ne comprenait rien et, comme à son habitude, ça l'emmerdait un max !

« Attendez, vous êtes sérieux ? Vous allez vraiment nous planter là comme ça ? Après une fausse promesse de bataille et des aveux que vous avez tout ce qu'il faut pour qu'on finisse notre quête. Même si je préférerais vous tombez sur la gueule : hey hey ! »

Le petite frère Palkos semblait énervé. Ce genre de colère que l'on garde pour soi. Ses pensées semblaient déjà ailleurs. Comme si les problèmes sanguins de Jaffar n'avait aucun intérêt... Jaffar remarqua à nouveau cet étrange cercueil qu'il portait. Qu'est-ce qu'il pouvait bien y avoir à l'intérieur ?

« Hey. Hey, Jaffar ! On a qu'à se donner rendez-vous. On vous invite sur notre île. Là, on doit finir une série de quête très importante. Tu crois que tu pourras attendre d'ici là ? »

Les bras croisés, Jaffar tapait du pied. Il faisait tout ce qu'il pouvait pour contenir cette fausse joie qui avait envahi son cœur. Il sentait sa magie crépiter au bout de ses poings.

« Mouais... »

« Hey ! Si t'as vraiment envie de cogner quelque chose, il y a toujours des arbres bizarres sur le chemin de randonnée. Bon, il doit en pas en rester beaucoup vu le ménage qu'on a fait. Mais ces deux enfoirés avaient piéger beaucoup de statues de seconde importance pour dissimuler des indices. Bref, sur ce, on y va. Salut ! »

Et les Palkos s'en allèrent. Comme ça.

-

…

-

…

« Bon, on fait quoi, Enko ? On rentre à la maison ou on va poutrer leurs arbres bizarres ? Putain, des arbres, quoi... J'ai envie de taper des mages en armure ou de frotter à des dragons ! Merde ! Mais merde, quoi ! »