Chapitre 09 : Le gnome, élémentaire de terre

Layne sentit un vide au niveau de son estomac. Il ouvrit sa chemise et découvrit qu'il y avait un trou au niveau de son nombril. Un trou suffisamment grand où la main pouvait facilement entrer et ressortir avec des bombes. De petites boules noires d'où une mèche pendouillait négligemment et avec arrogance. On pouvait presque l'entendre rire. Un petit rire d'enfant diabolique.

Layne se trouvait dans un égout. Le couloir avait la forme d'un tube couchée. Le métal était recouvert par un lichen. L'eau passait au milieu du couloir et seuls deux petits couloirs sur les côtés permettait de ne pas mettre les pieds dans l'eau.

De temps à autre, des échelles descendaient du plafond. Mais jamais aucune ouverture ne permettait de prendre un chemin alternatif.

Il y eut ensuite un changement. Les murs ne furent plus vides, ils se transformèrent en étagères. En bibliothèques. Il y eut un curieux mélange entre une bibliothèque dans les égouts, mêlé à un caveau où les crânes s'entassaient les uns à côté des autres.

Le cul baignant dans l'eau se trouvait une espèce de taupe à lunettes qui était en train de lire un vieux et épais grimoire. Il était entouré par une quantité impressionnante de bougies. La pièce était littéralement baigné par la lumière. Aucune ombre avait réussi à marquer son territoire ou à le reconquérir.

« Bonjour. »

La créature cria comme un porc qu'on égorge. Il tomba à la renverse dans l'eau et Layne put découvrir que l'espèce de taupe n'avait pas vraiment le cul dans l'eau mais qu'il était alors assis sur un crâne.

« Qui- Qui êtes-vous ? »

L'espèce de taupe était affolé. Layne devait vite trouver le moyen de lui faire reprendre ses moyens. D'apaiser les tensions. De briser la glace.

« Excusez-moi, je ne voulais pas vous effrayer. Je suis venu ici car je crois que vous pouvez m'aider. »

« Vous aider ? Pas question ! »

L'espèce de taupe montra son dos à Layne. Le geste était simple, il n'avait aucune intention de lire une amitié quelconque avec l'humain.

« S'il vous plaît, j'ai vraiment besoin de vous. Vous êtes mon seul espoir pour comprendre ce que je fais ici. »

« ... »

L'espèce de taupe ne répondait toujours pas. Il essayait vraisemblablement d'éponger l'eau qui avait imbibé son grimoire.

C'est alors qu'une bougie s'éteint. L'espèce de tauper cria une nouvelle fois comme un porc qu'on égorge et il se dépêcha de rallumer la mèche.

« Arrêtez ! Arrêtez de bouger, arrêtez de parler, arrêtez même de respirer ! »

L'espèce de taupe s'était vite faire retourné. Il s'était approché tout près de Layne et avait gueulé sa sentence.

Ce qui était dommage, ridicule était que l'espèce de taupe était petite et, même rapproché à ce point de Layne, la taille ridicule de l'espèce de taupe n'avait aucune raison d'effrayer Layne.

« Je suis désolé. Je ne voulais pas vous effrayer. »

« ... »

« Est-ce que, est-ce que vous avez peur du noir ? »

L'espèce de taupe ne répondait toujours pas.

« Êtes-vous un esprit de la terre ? »

« Oui. »

Layne n'était pas sur de la question à laquelle venait de répondre mollement l'espèce de taupe.

« Excusez-moi mais à quelle question avez-vous répondu ? »

« Aux deux. Je suis un gnome, un être qui vit dans les profondeurs de la terre et qui est effrayé des ténèbres. Je suis un être complexé avec des tics. Si toute la pièce dans laquelle je suis n'est pas totalement éclairé, je pique des crises et je crie dans des tonalités très aiguës. »

C'était un comble. Un être des profondeurs qui ne pouvaient pas supporter le noir. Un petit sourire arbora le visage de Layne. Le gnome s'en aperçut et fut peiné :

« Alors comme ça, ça vous fait sourire ? Vous savez, ce n'est pas drôle de vivre avec un tel handicap. Je suis conscient que je suis étrange. Et c'en est encore plus difficile à porter. »

Layne devait réfléchir. Comment pouvait-il faire pour se sortir de cette situation. Il avait cette poche à la place de son ventre d'où il pouvait utiliser des bombes, et il y avait cet esprit d'un scientifique. Que pouvait-il faire ?

« Avez-vous déjà essayé de remonter à la surface ? »

« Une fois. J'avais réussi à rassembler mon courage et à faire taire ma psychose. C'est alors que je les ai rencontrés... »

« Qui ? Qui avez-vous rencontré ? »

« Ces espèces de rats à huit pattes. Des créatures étranges qui aiment à ramper au sol et se balancer à leur fil. »

Maintenant, Layne comprenait à quoi pourrait servir les bombes. Cela lui permettrait de se dégager un chemin dans l'adversité.

« Venez. Nous partons. »

« Quoi ? Non ! »

« Venez. Maintenant. C'est le jour où vous revenez à la surface et que le soleil vous réchauffera de sa lumière. »

Le problème avec cette belle idée, c'est qu'il ne connaissait pas le passage où commencer la remontée. Il n'en savait pas plus à propos de ces créatures hybrides entre le rat et l'araignée. Et il en savait pas plus s'il trouverait le moyen de remonter. Et, même si le cas était véridique, comment avouer au gnome qu'une seule partie de la journée était éclairée et que l'autre était plongé dans les ombres ?

Layne et le gnome affrontèrent les rats à huit pattes. Il y eut beaucoup de cris et d'explosions.

Ils arrivèrent ensuite dans une salle qui devait être une station d'attente pour les gens qui prenaient alors le métro. Métro qui était aujourd'hui couché sur son flanc et tirait la langue. Ce n'était pas vraiment une langue, mais une bande de taggeur avait peint une langue et des « Zzz » partout sur le métro.

« Arrêtez. Je ne veux pas allez plus loin. Je ne pourrais pas. Mon cœur bat si fort que j'en ai l'impression qu'il va bientôt vous atterrir dans les mains. »

Le gnome n'était pas en bon état c'était vrai.

Layne découvrit alors un panneau de contrôle. Il fit appel à ses talents de scientifique et répara l'installation électrique. Toutes les lumières s'allumèrent et le gnome cria de joie.

« Merci ! Merci ! Je vais maintenant pouvoir vivre ici à jamais sans craindre les ombres à nouveau. »

Le gnome lui tendit la dernière fiole contenant l'essence de l'esprit de la terre.